Être bauchériste, c’est quoi ?

Un commentaire

Quelques précisions s’imposent !

Il n’y a pas d’équitation sans … imposer des contraintes !
Quels que soient les méthodes ou les concepts, aussi minimes soient-elles, les contraintes existent, et je crois que pour ne pas contraindre le cheval à quoi que ce soit, il n’y a pas de solution … hormis de ne pas l’extraire de son milieu naturel, et à plus forte raison de ne pas le monter ! Auquel cas, notre affaire d’équitation n’a plus lieu d’être ! Inclus les berceaux d’élevage et toute la filière professionnelle équine.

En ressort qu’un choix est fait quand on entreprend de monter à cheval ! Ce qui ne veut pas dire que cela ouvre la porte à tous les débordements dans l’emploi de méthodes et de techniques contraignantes, brutales voire cruelles pour mener à terme un projet équestre…La brutalité et la cruauté sont à bannir, ce qui n’est pas exclusivement du domaine de l’équitation !

Dérives de notre époque :

Le vingtième siècle a vu s’appauvrir le savoir et le savoir-faire, la compétition ayant fait naître de nouveaux objectifs dans l’emploi du cheval. S’est trouvé chassé peu à peu l’Art Équestre au profit des résultats sportifs, avec toutes les dérives que cela induit tant dans le cadre de vie que dans les moyens techniques d’entraînements. Le cheval DOIT devenir un athlète, et si possible, de haut niveau, d’où l’ingéniosité à créer une multitude de moyens permettant d’obtenir, coûte que coûte, les objectifs visés. Pour cette forme d’équitation héritière du classicisme de l’école de Versailles, ça finit mal !

À contrario, ces dernières décennies ont vu naître, face à cette perversion d’un courant « classique », une forme d’équitation dite « éthologique » ; ça commence mal, le terme étant particulièrement mal choisi quand on sait que l’éthologie est du domaine de l’observation de l’espèce, donc à l’opposé de l’équitation où l’on est dans l’action sur un individu de l’espèce. Ceci dit, les termes employés par ces « nouveaux maîtres », « chuchoteurs », etc…, ne peuvent que rassembler les opposants d’une équitation qui se voudrait héritière des grands maîtres classiques : prônant le bien-être du cheval, son confort, son respect, son intégrité en tant qu’individu, etc…
Le tout enrobé d’un soupçon de sensiblerie, et hop, le tour est joué : parce qu’il n’y a pas d’utilisation de mors, ni de selle, mais d’un simple licol (tiens, c’est un licol dit éthologique, ce qui mérite de le comparer à un licol d’écurie pour … s’apercevoir que sous cette qualification, il est, par l’intermédiaire de ces nœuds et la finesse des cordes qui le constitue, bien autant contraignant que le caveçon des Anciens… et je ne parle pas du poids de sa longe ni de son mousqueton, si si, testez sur vous-même : mettez une ficelle en collier autour de votre cou, attachez-y la longe éthologique (hem!) et son mousqueton, penchez-vous et demandez à ce que l’on reproduise les mouvements de longe tels qu’ils sont faits sur le cheval, je vous garantis que vous abandonnez immédiatement le principe !). À ce stade, pour un observateur ayant en mémoire la barbarie du « rollkür », et pour peu qu’il n’ait pas d’autres références équestres, cela apparaît comme étant LA solution, LA façon de faire « naturelle » pour manipuler le cheval ! Que les Anciens pouvaient être barbares !
Poursuivons ; pour évoluer avec le cheval, on nous dit qu’il faut être « connecté ». Là, les techniques employées sont plutôt de l’ordre de la castration psychique, où la résignation l’emporte plus ou moins rapidement sur la rébellion, et le principe du join up en est un exemple représentatif. Mais pour l’observateur, que d’émerveillement que de voir le cheval suivre son « chuchoteur » ! En effet, celui-ci a cherché à sensibiliser ou à désensibiliser le cheval ; mais pas n’importe comment ! Vous sera expliqué que ce sera de l’ordre positif. S’il ne s’agit pas d’une modification des comportements naturels du cheval, c’est que je n’ai rien compris ! Pourtant, il me paraît qu’on s’éloigne par ces principes de ce que voudrait être un « natural horsemanship ». Il me semble que nous soyons face à un refus, un déni, une volonté à ne pas vouloir accepter « les choses telles qu’elles sont »;un exemple me vient pour faire une allusion à un phénomène de société actuel écologiste : stop au nucléaire puisque nous voulons une énergie propre. Soit, mais… ça n’existe pas ! Il en est de même pour l’équitation, elle ne peut ni ne sera jamais, je crois, « naturelle » … pour le cheval, et ce, quel que soit le courant auquel on adhère. Il n’y a pas d’équitation naturelle ! L’équitation est un acte contre-nature pour le cheval, qu’on se le dise, et ce quelle que soit l’argumentation des uns et des autres de courants proches ou opposés, il ne s’agit que de joutes verbales stériles justifiées pour se dédouaner, en quelque sorte, de prendre ses responsabilités !

En clair, il y a là, de quelque école que l’on soit, un refus quant à assumer nos actes et leurs responsabilités, d’où des termes permettant d’entendre ce que nous avons envie d’entendre et des techniques pour voir ce que nous voulons voir… Les chevaux la langue bleuie sous la pratique du « rollkür » sont autant torturés que ceux en colique dans un rond de longe après une succession violente d’arrêts et de changements de directions. Il ne s’agit là que d’extrêmes mettant en avant la volonté d’asservir, mais comme chacun sait, l’extrémisme …

Pour conclure, en ressortent des « bagarres de cours d’école » où chacun entend avoir raison, entrant dans une forme de sectarisme qui me paraît bien stérile… à plus forte raison pour le cheval qui, quel que soit le camp auquel on appartienne, en fera les frais de toute façon !

La simple question de bon sens et de responsabilité incombe à l’humain qui, faisant le choix de dresser et monter le cheval, doit lui rendre les situations les moins inconfortables possibles. Pour ne pas dire qu’au-delà de sa responsabilité, c’est même son devoir ! Et s’il ne peut l’assumer, qu’il n’approche pas les chevaux, c’est le plus sûr moyen pour ne pas les maltraiter…ce qui implique du savoir et du savoir-faire, et un minimum de réflexion. Évident, sûrement, mais vu la quantité de chevaux qui transitent toujours chez les maquignons…

Quoiqu’on dise, monter à cheval nécessite le fait de pouvoir « contrôler » les situations. À chacun de chercher ce qui lui permet d’y parvenir, sans pour autant avoir fait de son cheval un esclave, tant du domaine psychique que du domaine physique. Sous l’influence de l’homme, le cheval doit pouvoir malgré tout, conserver le plus possible les caractéristiques propres à son espèce.

Les grandes étapes du dressage chez Faverot de Kerbrech

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Par ce lien, les directives de la méthode dans la plus simple expression:

https://sites.google.com/site/centredetudebaucheriste/la-methode

Notions bauchéristes

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L’aboutissement, la finalité, l’objectif ultime, c’est l’équilibre du premier genre.

Le cheval se tient SEUL, poursuivant sans aucun soutien (descente totale des aides) le mouvement qui lui est suggéré. Et pour s’en approcher, les quelques directives suivantes sont à prendre en compte, pour ne pas dire qu’elles doivent se « graver » dans la tête du cavalier !
Elles sont issues des « préalables » de Faverot de Kerbrech (Dressage méthodique du cheval de selle…), exposant le simple fait que :

« …Quand on entreprend le dressage d’un cheval, la première condition pour réussir est de bien se rendre compte de ce que l’on cherche à obtenir, c’est-à-dire des qualités qu’on veut faire acquérir à son élève.

Ces qualités peuvent se résumer en peu de mots, et il est à remarquer que ce sont toujours les mêmes, quel que soit le genre de service auquel une monture soit destinée.

Tout cheval de selle doit en effet être rendu facile et agréable à monter, régulier dans ses allures, docile, franc, et aussi brillant que le comporte son ensemble.

Or, pour qu’il soit « facile et agréable à monter, régulier dans ses allures », il faut qu’il soit bien équilibré, c’est-à-dire léger à la main et aux jambes, droit d’épaules et de hanches, avec la tète constamment fixe et placée, et qu’il conserve de lui-même son équilibre sans le secours des aides. Pour qu’il soit « docile, franc »,il faut que toute défense, toute résistance instinctive ou volontaire ait disparu, ou puisse, dès qu’elle reparaît, être aussitôt détruite.
Enfin, pour qu’il soit « aussi brillant que le comporte son ensemble», il faut qu’on puisse à volonté l’asseoir, grandir ses mouvements, et relever ses allures.

On voit donc que dans le dressage il faut :

1° s’attacher sans cesse à obtenir la légèreté, un ramener bien fixe, et

2° une grande obéissance aux jambes;

3° s’efforcer de maintenir le cheval constamment droit d’épaules et de

hanches, et

4° l’habituer à se passer du secours des aides.

5° Il faut de plus lui rendre le rassembler familier… »

Tout est là ! Tout le fond se résume à ces quelques directives !
Quant à la forme, elle n’est guère plus compliquée, si ce n’est de devoir se séparer de la multitude d’actes réflexes acquis pendant nos apprentissages par le biais des moniteurs et instructeurs divers que nous avons côtoyés et qui prônaient, forcément, une conception de « mise sur la main » ! Et là, tout devient « moins simple »… En effet, il faut accepter de faire le pas pour chercher à avoir un cheval « en avant des jambes et derrière la main », accepter de suggérer et de laisser faire le cheval, accepter de ne pas intervenir tant que le cheval poursuit ce qui lui a été demandé, accepter de marquer l’arrêt et d’attendre… le temps qu’il faut(!) pour que les tensions disparaissent complètement du corps (et de la tête) du cheval avant de reprendre un exercice interrompu,…, bref, tout ce que nous ne faisons pas d’ordinaire ! Car force est de constater que notre habitude est bien d’agir tout le temps ! Inutile de préciser que l’emploi de la force est PROSCRIT. Une rêne qui se tend sous une force de plusieurs kilogrammes est un acte incohérent et inacceptable ! Le but recherché demeure dans le fait de pouvoir se faire comprendre par l’intermédiaire de rênes « flottantes » qui par leur propre poids, sont déjà … bien lourdes ! Utopie ? Gravez dans votre mémoire les photographies de Beudant et de Vallerine ou d’autres chevaux qu’il a dressé !


Pour aborder la forme, quelques précisions s’imposent concernant les termes employés :

  • position, action et mouvement : la position est la répartition du poids sur les quatre membres correspondant au mouvement recherché ; l’action est la quantité d’impulsion nécessaire au mouvement recherché, et le mouvement est la conséquence de l’action sur la position.
    Ce qui met en évidence que si la position est « correcte » et que la quantité d’impulsion délivrée est le strict nécessaire au mouvement envisagé, seul ce mouvement sera créé… On en revient au « mariage » de l’équilibre (position) et de l’impulsion ; il est remarquable aussi de faire le rapprochement avec la définition de la légèreté du général L’Hotte.

  • La légèreté (à la main) : c’est le fait que le cheval suive la moindre indication de la main ; par conséquent toute résistance ou « force » d’opposition sont proscrites, et la moindre demi-tension d’une ou de deux rênes provoque la cession moelleuse de la mâchoire sans pour autant qu’il n’y ait d’ouverture apparente de la bouche, et surtout sans que la tête ne bouge. Cette mobilité de la mâchoire doit perdurer après la demande, et surtout ne pas cesser brusquement.
    À noter que sous ces conditions de décontraction de la mâchoire, le ramener s’obtient « de lui-même » : sous la légère demande de la main, la tête se rapproche de la verticale sans que l’encolure ne perde sa fixité ni son soutien.
    ==> Pendant le dressage du cheval, avant de lui demander quoi que ce soit, le cavalier s’assure qu’il est « léger à la main », c’est à dire que le cheval n’a pas contracté sa mâchoire car là réside une des grandes découvertes de Baucher : en effet, le cheval ne peut contracter une partie de son corps en opposition aux aides de son cavalier sans contracter sa mâchoire ; il suffit donc de rétablir la légèreté à la main pour faire disparaître immédiatement toute contraction inutile au mouvement recherché, et ceci perdure tant que la mobilité de la mâchoire demeure.
    Forcément, le cheval en cours de dressage va manifester diverses oppositions au fait que la main du cavalier lui demande la légèreté à la main. Deux, et deux actions seulement permettent d’y parvenir : il s’agit du demi-arrêt et de la vibration. L’emploi de l’un, de l’autre ou des deux en même temps permettent d’obtenir cette légèreté. Si malgré tout elle ne réapparaît pas, on en vient à :

  • Décomposer la force et le mouvement : c’est le fait qu’en cas de « résistances » sérieuses qui ne disparaissent pas au moyen du demi-arrêt ou de la vibration, on marque simplement l’arrêt, aussi longtemps que nécessaire en sorte que « les résistances » ne résonnent plus dans le corps du cheval ; à ce moment-là, après avoir obtenu l’immobilité totale puis de nouveau la légèreté à la main, on reprend le mouvement interrompu. On décompose autant de fois qu’il le faut jusqu’à ce que l’équilibre et la légèreté demeurent dans le mouvement ou l’allure souhaités.
    À noter que l’on procède de cette manière avec des chevaux dont les allures ont été « détraquées », étant ainsi amené à marquer des arrêts très fréquents. En effet, ce qui importe, c’est que chaque foulée d’une allure soit régulière, et ce dès la prise de l’allure. C’est pourquoi à la moindre irrégularité dans l’allure, on s’arrête, on décontracte et on repart… autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que l’allure soit bien franche et régulière dès sa naissance. Il faut apprendre à se contenter de quelques foulées parfaitement régulières et équilibrées au lieu de longueurs interminables et médiocres !
    Quand le dressage est un peu avancé, on cherche à rétablir l’équilibre et la légèreté sans repasser par l’arrêt par les moyens employés « de pied ferme » (demi-arrêt et vibrations) en respectant scrupuleusement ce qui suit :
    « …Il faut, comme nous l’avons dit, que ces différentes actions de la main (demi-arrêt et vibration) ne prennent en rien sur la force d’impulsion ; c’est-à-dire qu’elles ne doivent amener ni un arrêt, ni un ralentissement, ni une altération quelconque dans le mouvement, la direction ou l’allure… »

Motivations

Un commentaire

Alors, pourquoi « sortir du cadre », se mettre dans une situation de « marginal équestre » ? Car il faut bien admettre que ne pas adhérer :

  • au courant exposé par les instances fédérales
  • à l’enseignement proposé dans les structures équestres et autres écoles d’équitation dont la priorité est une équitation « sportive »
  • à l’association de l’équitation et de la compétition
  • à une sorte de « mondialisation » de l’équitation…

expose à l’isolement, l’incompréhension, parfois au rejet de ceux qui, un temps, vous ont applaudi ! Mais comme l’a si bien exprimé Nuno Oliveira, on ne monte pas à cheval pour les applaudissements des autres ou pour épater la galerie… et à chacun de faire son propre « examen de conscience » en observant l’œil de son cheval après l’avoir monté…

Pour comprendre ce qui peut faire faire le pas, je ne peux qu’évoquer mes propres motivations… ce qui a pour conséquence que ce qui suit … n’engage que moi !

J’ai une sorte d’idéal quant à ce que je cherche en montant à cheval : j’ai toujours cherché la sensation du cheval qui manie de lui-même, l’image renvoyée du cheval qui se plaît dans son Air, qui a retrouvé sa majesté naturelle sous la selle de son cavalier dont la discrétion est telle qu’il se fait « oublier ». Ce n’est pas lui qui doit être mis en valeur mais son compagnon-cheval. La décontraction générale, la flexibilité, la fluidité de ses mouvements, tout paraît « simple et facile », équilibré, donnant la sensation d’effleurer le sol avec souplesse et aisance, les allures étant les plus pures possible. Rien à voir avec des allures saccadées, heurtées dans lesquelles ont devine des oppositions, ni cette espèce de nonchalance faisant traîner les pieds au sol sous prétexte de décontraction. Le cheval a conservé, en charge de son cavalier, sa prestance et sa fraîcheur naturelles qui m’émeuvent quand je l’observe en liberté. Mais ce n’est en aucun cas un cheval devenu obéissant (!) par résignation ; je ne veux pas d’un esclave, je cherche un partenaire.

Rien d’extraordinaire là-dedans, pour ne pas dire qu’il ne s’agit que de «banalités» !
Alors pourquoi Baucher ?

J’ai eu la chance de mener à bien le dressage en haute école de plusieurs chevaux en me « calant » sur ce que nous a laissé le général Decarpentry dans son ouvrage « Équitation académique », et pour ne pas être « seul avec le livre », j’ai pu rencontrer et bénéficier des conseils d’écuyers qui resteront toujours, dans ma mémoire, des références dans le domaine. J’ai pu m’approcher, pas ces enseignements, de mon idéal. Mais…

Mais si je me suis approché de cet idéal, je n’obtenais que des sensations éphémères ! Je me trouvais encore trop éloigné de l’image que je me faisais du cheval qui manie seul, sans soutien, qui poursuit de lui-même ce qui lui est suggéré, de la sensation « que la greffe a pris », de l’expression « j’y pense et ça suffit »…

Curieux de nature, j’ai eu l’occasion de consulter les œuvres complètes de Baucher… Révélation ? Je ne sais pas, mais je n’avais jamais rien lu qui s’approche autant de mes recherches. Et naturellement se sont succédés Faverot de Kerbrech puis Beudant. Là, j’ai trouvé que je n’avais jamais été aussi proche de ce que je considérais comme une sorte de Graal ! Non seulement je m’en approchais, mais je pouvais « le voir à travers ce que je lisais » . Quel bonheur la première fois où j’ai piaffé dans la descente des aides complète ! Enfin, j’obtenais cet équilibre du premier genre après lequel je courais depuis des années…et cet équilibre perdurait !

En résumé, ce n’est qu’en adoptant ces concepts que j’ai pu trouver cet équilibre « du premier genre ». Et pour y parvenir, j’ai entamé l’étude théorique et pratique de La méthode, c’est à dire ce qu’enseignait Baucher à la fin de sa vie (on désigne cette forme comme étant un bauchérisme deuxième manière), « fixée » sur le papier par le général Faverot de Kerbrech, et dont l’utilisateur le plus connu et reconnu fut Étienne Beudant qui, il me semble, ne fut pas égalé dans cette forme d’équitation !

État d’esprit

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Qu’en est-il du cavalier ? État d’esprit :

La plus grande difficulté de l’équitation se trouve dans le fait que de nos jours, peu de chevaux sont parfaitement mis d’une part, et peuvent servir de « maîtres d’école » d’autre part. Car en équitation, pour savoir il faut avoir ressenti ; la lecture de tous les traités, méthodes, études, etc…, ne peuvent en aucun cas développer le tact équestre, l’apprentissage « sensitif », l’accord de son propre corps avec la locomotion du cheval …Il faut pratiquer, pratiquer, et pratiquer encore pour savoir, d’où une grande méfiance vis à vis des « grandes théories », conseils et critiques divers que bon nombre de cavaliers de bibliothèques ou de forums « via internet » ne sont pas avares de délivrer… car il faut bien reconnaître que ces échanges verbaux sont la plupart du temps stériles, au même titre que, comme le disait le général L’Hotte :
« …les livres n’instruisent que ceux qui savent déjà… »  !
Ils ne traitent que du fond, car la forme ne se traite que par la pratique. Ce qui ne me fait pas dire qu’il faille être inculte, mais il faut pratiquer, encore et encore…
Il ne suffit pas de savoir, ce qui, au vu des facilités de pouvoir consulter tout ce qui a été écrit, est à la portée de tout le monde ; il faut savoir faire ! Et pour en arriver là, il est évident qu’il faut se rendre compte de ce que l’on cherche, et pour cela, avoir des « sensations référentielles » sur lesquelles s’appuyer. En priorité donc, il faut « accorder » son propre corps avec celui du cheval dans ses allures : inutile d’y penser sans une mise en selle indispensable qui permettra de rendre indépendants nos mains et nos jambes… pour se faire comprendre du cheval, en ayant à l’esprit que cette mise en selle doit permettre au cavalier d’employer ses aides par touches « fines », « légères », d’intensités minimales, imperceptibles visuellement tout en étant bien perçues par le cheval. Doit devenir évident pour le cavalier que son cheval perçoit « la pression » d’une mouche sur son poil : il devient aisé de comprendre que « l’effet de force » dans l’emploi des aides est incohérent…et que pour parvenir à leur emploi « fin et discret », ce n’est pas pour rien que « les commençants » sous l’école de Versailles entamaient leur cursus par … une année en selle à piquer sans étriers ! Conclusion : pas de mise en selle, pas d’emploi cohérent des aides ! On comprend mieux ce qui se passe dans les clubs…où les séances de mise en selle sur un cheval longé, le cavalier n’ayant aucun contact avec la bouche du cheval n’existe plus depuis longtemps ! Les prestations se sont adaptées aux demandes du public, et ne sont plus en rapport avec les réalités de l’équitation !

Concernant le bauchérisme, une autre difficulté apparaît rapidement : ses adeptes sont rares et tellement en marge de « l’équitation de masse » qu’il est difficile de les approcher, et encore plus d’échanger…ce qui oblige dans les prémices, à « étudier la méthode sans pouvoir bénéficier des conseils du maître » !
Cette étude de la méthode ne peut être qu’issue d’une démarche personnelle, fruit d’un raisonnement propre à chacun, quant à avoir « éclairci » ce que l’on cherche à vouloir apprendre à monter à cheval, et dans quelles « conditions ». S’insère ici la réflexion que l’important n’est pas « la maîtrise des techniques évoquées dans la méthode », mais l’état d’esprit qu’elle véhicule ! À de très rares exceptions près, je pense qu’on « devient » bauchériste, à l’issue de réflexions et de recherches personnelles. Il n’y a pas, je crois, d’école d’équitation dont la pratique est assise sur cette forme de travail du cheval, ce qui fait qu’on ne peut pas être bauchériste par formation, on le devient…Ce qui différencie notre époque de celle où professaient des écuyers ayant été formés par Baucher et ses adeptes. De nos jours, il n’y a pour ainsi dire plus d’écuyers maîtrisant les principes bauchéristes pour les transmettre. Comme me le suggérait le colonel Carde lors d’un de nos échanges où je lui faisais part de mon souhait d’étudier le bauchérisme :
« …Pour ce que je sache des expériences bauchéristes dont j’ai eu connaissance, les erreurs étaient soit dans le manque d’impulsion, soit dans l’absence de mise en main, soit les deux. Aucune, à ma connaissance, n’a été menée à bien de façon convaincante sauf ….pour les expérimentateurs. C’est sans doute pour cela que Racinet disait : « Le Bauchérisme est à redécouvrir ». Alors courage mais méfiance… ».

Il faut bien l’admettre, notre équitation actuelle est fondée sur la mise sur la main, répondant ainsi aux exigences d’une équitation « sportive », ce qui a fait passer petit à petit les concepts bauchéristes dans l’oubli.

Historique

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De nos jours, on utilise majoritairement le concept de « mise sur la main » pour dresser, pour monter les chevaux et pour apprendre à monter à cheval.

Qu’en est-il alors de celui de « mise en main » ? Notre culture est pourtant fondée sur ce concept : cheval au ramener, nuque haute, cession de mâchoire sur des rênes « demi-tendues » (flottantes). Les Anciens (école de Versailles) parlaient du cheval « galant dans sa bouche et diligent dans ses hanches » ! Bien sûr, la descente des aides était pratiquée et les aides en question devaient être aussi discrètes que possible, à un point qu’elles étaient qualifiées d’aides « secrètes ». Et ce sont ces points caractéristiques qui, associés à une assiette « irréprochable » ont formé la « marque de fabrique » d’une équitation à la Française : le cheval « se plaît dans son Air, et manie comme de lui-même ».

N’étant plus ou peu pratiquée, cette forme d’équitation devient au regard du « profane » comme issue d’un autre temps ! Et pour cause, l’emploi de muserolles serrées au maximum ne permet pas le jeu indispensable de la mâchoire pour que le cheval déglutisse, s’entre-ouvre au contact de la main, goûte son mors comme le disaient les Anciens, bref, que la « sacro-sainte » cession de mâchoire puisse se faire ! Dans l’emploi de ces muserolles « muselières » (clin d’œil à Philippe Karl), on ne s’étonnera pas de voir des chevaux le poitrail maculé de salive, non pas par décontraction (!), mais simplement par le fait que le cheval ne peut tout simplement pas l’avaler… Et dire que nous sommes à une époque où les expressions « respect du cheval », « bien-être », « athlète heureux », …, font partie du langage équestre…

Pourtant, si l’on en croit ce que la majeure partie des cavaliers disent, la légèreté, l’équilibre, la grâce, l’impulsion, l’aisance, la prestance, etc… font l’objet de leur idéal. Qu’en est-il dans la réalité ? Je ne peux que constater, comme tout un chacun, que par leur dressage suivant le concept de mise sur la main, dont on pourrait faire une caricature représentant « l’emboutissage » du cheval, rares sont les chevaux qui approchent ces idéaux ! Pourquoi s’obstiner dans cette forme de dressage ne permettant pas au cavalier « lambda » d’approcher ces objectifs, voire s’en éloigner ?

La mise sur la main a un inconvénient majeur, résumé par le fait que la main et les jambes agissent en même temps. Ce qui, comme l’ont fait remarquer Baucher, Faverot de Kerbrech, ou encore Beudant, a pour effet que « la main corrige souvent la faute des jambes et réciproquement » ; cet emploi simultané des aides au cours des apprentissages du cheval comme du cavalier, ne permet pas d’isoler d’où vient la faute, commise dans la majeure partie des cas par … le cavalier !
Car comme l’a fait remarquer Étienne Beudant, le cheval « neuf » n’a que rarement de la « mauvaise volonté » et fait quasiment toujours … ce qui lui est demandé ! D’autre part, « l’apprenti cavalier », mal encadré, tombe vite dans la confusion entre appui et contact, ou encore « obsédé » par l’image du cheval au ramener en mettant son cheval chanfrein au-delà de la verticale, etc.
Il est remarquable qu’en équitation, il est question d’activité et d’équilibre ; le colonel Carde me disait un jour :
« l’équitation, c’est le mariage de l’équilibre et de l’activité… »
Le cheval est en équilibre sur ses quatre jambes. Il est donc en « déséquilibre » s’il y a appui-contact constant sur la main. Simpliste ? Posez-vous la question… où testez sur vous-même !

Dans le bauchérisme, la mise en main prime sur tout mouvement et l’emploi des aides est dissocié en utilisant la main ou les jambes. C’est la « fameuse expression » : main sans jambes, jambes sans main. Ce qui n’exclut pas que sur un cheval mis, l’emploi des deux a son sens et on parlera alors de soutien de la main, ce qui devrait être le cas d’une mise sur la main.
À noter que Beudant a mis en évidence que l’expression « main sans jambes, jambes sans main » tend a se simplifier en devenant « main sans jambes » au sens où la mise en main parfaite génère l’impulsion, qui se règle … par la main !
D’autre part, dès les prémices du dressage du cheval « bauchérisé », une reconstruction posturale se met en place pour palier le déséquilibre occasionné par le fait que la majeure partie du poids du cavalier étant supporté par l’avant-main du cheval, la seule partie sur laquelle on puisse agir durablement est le « balancier tête-encolure » dont on va chercher l’élévation maximale en sorte de « reporter » une partie de son poids sur l’arrière-main. Dans cette élévation maximale, il n’y a pas lieu de s’inquiéter de la position de la tête du cheval, celle-ci pouvant s’approcher de … l’horizontale ! La particularité de la décontraction de la bouche (légèreté à la main) sur l’encolure élevée au maximum fait qu’au fil des progrès dans le dressage, la tête se « place à sa position la plus commode », c’est à dire dans une posture voisine du ramener ; le cavalier à ce stade sera attentif à ce qu’elle ne se place pas au-delà, ce qui est rarement le cas.
Il me paraît important d’insister ici sur le fait que dans ces conditions, le ramener s’obtient pour ainsi dire de lui-même ; inutile d’ouvrir une parenthèse, dans ce contexte, sur l’emploi devenu obsolète et incohérent de toute la panoplie d’enrênements et autres artifices coercitifs dont la liste est malheureusement bien longue et ne demande qu’à s’allonger, justifiés par … un manque de savoir et de savoir-faire, quand ce n’est pas faire preuve (au nom de quoi?) d’actes de cruauté, inacceptables à plus forte raison à l’époque où tout le monde s’accorde sur l’importance du bien-être de nos compagnons quadrupèdes !
Ce n’est qu’à la fin du dressage qu’il sera admis de travailler le cheval « au ramener outré », (hyper-flexion obtenue avec cession de mâchoire sur des rênes flottantes, c’est à dire l’opposé du principe rollkur), ce qui permettra au final de fixer la posture « qui ne se perdra plus ».

Pourtant ces deux concepts de mise sur la main et de mise en main, s’ils paraissent s’opposer, visent les mêmes objectifs ! Leur opposition vient de la façon de les atteindre : dans la mise sur la main, le cavalier « règle » la tension du cheval pour, au final, obtenir la mise en main. Les actions sur le cheval sont d’un ordre « global », c’est à dire dans le mouvement et le contact avec la main demeure constant. Dans le concept de mise en main, celle-ci prime sur le mouvement : les actions sont d’ordre local, au sens où si le besoin s’en fait sentir, un retour à l’arrêt est pratiqué et le cavalier cherchera à « détruire » les contractions locales néfastes au mouvement recherché, la « légèreté à la main » étant la preuve par neuf de la décontraction rétablie permettant d’envisager de nouveau le mouvement préalablement interrompu.
À rappeler ici qu’en « détruisant » des résistances, il s’agit de retrouver une décontraction perdue.
Il faut garder à l’esprit que cette décontraction ne peut pas s’obtenir par la force !

Je conclurai en citant Baucher :

« …on peut obliger un esclave à marcher, on ne peut pas l’obliger à vous apprécier »
Votre cheval n’est pas et ne doit pas devenir un esclave ! La résignation est votre pire ennemie…

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