Quelques précisions s’imposent !

Il n’y a pas d’équitation sans … imposer des contraintes !
Quels que soient les méthodes ou les concepts, aussi minimes soient-elles, les contraintes existent, et je crois que pour ne pas contraindre le cheval à quoi que ce soit, il n’y a pas de solution … hormis de ne pas l’extraire de son milieu naturel, et à plus forte raison de ne pas le monter ! Auquel cas, notre affaire d’équitation n’a plus lieu d’être ! Inclus les berceaux d’élevage et toute la filière professionnelle équine.

En ressort qu’un choix est fait quand on entreprend de monter à cheval ! Ce qui ne veut pas dire que cela ouvre la porte à tous les débordements dans l’emploi de méthodes et de techniques contraignantes, brutales voire cruelles pour mener à terme un projet équestre…La brutalité et la cruauté sont à bannir, ce qui n’est pas exclusivement du domaine de l’équitation !

Dérives de notre époque :

Le vingtième siècle a vu s’appauvrir le savoir et le savoir-faire, la compétition ayant fait naître de nouveaux objectifs dans l’emploi du cheval. S’est trouvé chassé peu à peu l’Art Équestre au profit des résultats sportifs, avec toutes les dérives que cela induit tant dans le cadre de vie que dans les moyens techniques d’entraînements. Le cheval DOIT devenir un athlète, et si possible, de haut niveau, d’où l’ingéniosité à créer une multitude de moyens permettant d’obtenir, coûte que coûte, les objectifs visés. Pour cette forme d’équitation héritière du classicisme de l’école de Versailles, ça finit mal !

À contrario, ces dernières décennies ont vu naître, face à cette perversion d’un courant « classique », une forme d’équitation dite « éthologique » ; ça commence mal, le terme étant particulièrement mal choisi quand on sait que l’éthologie est du domaine de l’observation de l’espèce, donc à l’opposé de l’équitation où l’on est dans l’action sur un individu de l’espèce. Ceci dit, les termes employés par ces « nouveaux maîtres », « chuchoteurs », etc…, ne peuvent que rassembler les opposants d’une équitation qui se voudrait héritière des grands maîtres classiques : prônant le bien-être du cheval, son confort, son respect, son intégrité en tant qu’individu, etc…
Le tout enrobé d’un soupçon de sensiblerie, et hop, le tour est joué : parce qu’il n’y a pas d’utilisation de mors, ni de selle, mais d’un simple licol (tiens, c’est un licol dit éthologique, ce qui mérite de le comparer à un licol d’écurie pour … s’apercevoir que sous cette qualification, il est, par l’intermédiaire de ces nœuds et la finesse des cordes qui le constitue, bien autant contraignant que le caveçon des Anciens… et je ne parle pas du poids de sa longe ni de son mousqueton, si si, testez sur vous-même : mettez une ficelle en collier autour de votre cou, attachez-y la longe éthologique (hem!) et son mousqueton, penchez-vous et demandez à ce que l’on reproduise les mouvements de longe tels qu’ils sont faits sur le cheval, je vous garantis que vous abandonnez immédiatement le principe !). À ce stade, pour un observateur ayant en mémoire la barbarie du « rollkür », et pour peu qu’il n’ait pas d’autres références équestres, cela apparaît comme étant LA solution, LA façon de faire « naturelle » pour manipuler le cheval ! Que les Anciens pouvaient être barbares !
Poursuivons ; pour évoluer avec le cheval, on nous dit qu’il faut être « connecté ». Là, les techniques employées sont plutôt de l’ordre de la castration psychique, où la résignation l’emporte plus ou moins rapidement sur la rébellion, et le principe du join up en est un exemple représentatif. Mais pour l’observateur, que d’émerveillement que de voir le cheval suivre son « chuchoteur » ! En effet, celui-ci a cherché à sensibiliser ou à désensibiliser le cheval ; mais pas n’importe comment ! Vous sera expliqué que ce sera de l’ordre positif. S’il ne s’agit pas d’une modification des comportements naturels du cheval, c’est que je n’ai rien compris ! Pourtant, il me paraît qu’on s’éloigne par ces principes de ce que voudrait être un « natural horsemanship ». Il me semble que nous soyons face à un refus, un déni, une volonté à ne pas vouloir accepter « les choses telles qu’elles sont »;un exemple me vient pour faire une allusion à un phénomène de société actuel écologiste : stop au nucléaire puisque nous voulons une énergie propre. Soit, mais… ça n’existe pas ! Il en est de même pour l’équitation, elle ne peut ni ne sera jamais, je crois, « naturelle » … pour le cheval, et ce, quel que soit le courant auquel on adhère. Il n’y a pas d’équitation naturelle ! L’équitation est un acte contre-nature pour le cheval, qu’on se le dise, et ce quelle que soit l’argumentation des uns et des autres de courants proches ou opposés, il ne s’agit que de joutes verbales stériles justifiées pour se dédouaner, en quelque sorte, de prendre ses responsabilités !

En clair, il y a là, de quelque école que l’on soit, un refus quant à assumer nos actes et leurs responsabilités, d’où des termes permettant d’entendre ce que nous avons envie d’entendre et des techniques pour voir ce que nous voulons voir… Les chevaux la langue bleuie sous la pratique du « rollkür » sont autant torturés que ceux en colique dans un rond de longe après une succession violente d’arrêts et de changements de directions. Il ne s’agit là que d’extrêmes mettant en avant la volonté d’asservir, mais comme chacun sait, l’extrémisme …

Pour conclure, en ressortent des « bagarres de cours d’école » où chacun entend avoir raison, entrant dans une forme de sectarisme qui me paraît bien stérile… à plus forte raison pour le cheval qui, quel que soit le camp auquel on appartienne, en fera les frais de toute façon !

La simple question de bon sens et de responsabilité incombe à l’humain qui, faisant le choix de dresser et monter le cheval, doit lui rendre les situations les moins inconfortables possibles. Pour ne pas dire qu’au-delà de sa responsabilité, c’est même son devoir ! Et s’il ne peut l’assumer, qu’il n’approche pas les chevaux, c’est le plus sûr moyen pour ne pas les maltraiter…ce qui implique du savoir et du savoir-faire, et un minimum de réflexion. Évident, sûrement, mais vu la quantité de chevaux qui transitent toujours chez les maquignons…

Quoiqu’on dise, monter à cheval nécessite le fait de pouvoir « contrôler » les situations. À chacun de chercher ce qui lui permet d’y parvenir, sans pour autant avoir fait de son cheval un esclave, tant du domaine psychique que du domaine physique. Sous l’influence de l’homme, le cheval doit pouvoir malgré tout, conserver le plus possible les caractéristiques propres à son espèce.